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L’ÉCLAIREUR.

mettre au milieu même du chignon, ainsi qu’ont coutume de le faire les guerriers.

Une fois ces préparatifs terminés, l’Aigle-Volant demanda aux Européens, qui avaient suivi avec curiosité les différentes péripéties de cette métamorphose, comment ils trouvaient leur compagnon.

— Ma foi, répondit naïvement Balle-Franche, si je n’avais pas assisté à sa transformation, je ne le reconnaîtrais pas ; et, à propos de cela, je me rappelle une singulière aventure qui m’arriva en 1836. Figurez-vous…

— Et vous, qu’en dites-vous ? reprit l’Indien en coupant impitoyablement la parole au Canadien et en s’adressant à don Miguel.

Celui-ci ne put s’empêcher de rire en regardant le chasseur.

— Ma foi, je le trouve affreux ; il ressemble si bien à un Peau-Rouge que je suis certain qu’il peut hardiment se risquer.

— Och ! les Indiens sont bien fins, murmura le chef ; cependant, je crois que, déguisé ainsi, si mon frère veut bien se pénétrer de l’esprit du personnage qu’il représente, il n’a rien à craindre.

— Je ne demande pas mieux ; seulement je vous ferai observer, chef, que j’ignore encore quel est le personnage que vous me destinez à représenter.

— Mon frère est un tlacateotzin, un grand médecin yuma.

— Pardieu ! l’idée est bonne ; de cette façon je pourrai m’introduire partout.

Le Comanche s’inclina en souriant.

— Je serai bien maladroit si je ne réussis pas, continua le chasseur ; mais, puisque je suis médecin, je ne dois pas oublier de me fournir de médicaments.

Bon-Affût, fouillant alors dans ses alforjas, en retira tout