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L’ÉCLAIREUR.

retirèrent en toute hâte, afin de délibérer au parti qu’ils avaient à prendre pour prévenir leurs ennemis et déjouer leurs projets.

La délibération ne fut pas longue, contrairement aux coutumes indiennes. Malgré la nuit dont l’épais manteau couvrait encore la terre, ils montèrent à cheval et se dirigèrent, aussi rapidement que cela leur fut possible, vers Quiepaa-Tani, afin d’entrer dans la ville les premiers et d’avoir le temps de préparer leurs amis à les seconder dans la lutte qui se préparait.

Malgré toutes ses objections, don Estevan fut laissé en arrière, caché avec quelques guerriers sur la lisière de la forêt. Les chefs, malgré leur influence, n’osant pas enfreindre ouvertement les lois indiennes, en introduisant dans la ville un visage pâle autre qu’un prisonnier, don Estevan fut contraint de se résigner à les attendre.

Mais si les Indiens n’avaient pas perdu de temps, les chasseurs l’avaient, de leur côté, si bien mis à profit, que, ainsi que nous l’avons vu, Bon-Affût déguisé en médecin Yuma entrait en même temps qu’eux dans Quiepaa-Tani.

Pendant que le Loup-Rouge se hâtait de mettre tout en œuvre pour convoquer le grand conseil des chefs, Addick se séparait de lui et se dirigeait de toute la vitesse de son cheval vers l’habitation de son ami Chinchcoalt — huit serpents, — l’amantzin ou grand-prêtre.

Mais celui-ci en apprenant le retour du jeune chef s’était enfermé avec le Pigeon, qui, en compagnie de l’Églantine, était venue le visiter. L’amantzin l’avait prévenue de l’arrivée d’Addick — arrivée qu’elle connaissait déjà, — et il lui avait recommandé de garder le silence sur la part active qu’elle avait déployée dans la tentative d’abjuration conçue par lui contre les deux jeunes filles.

Le Pigeon, à qui l’Églantine avait fait la leçon, s’était engagée à rester muette ; elle avait fait part au grand-