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L’ÉCLAIREUR.

— Quoi donc ?

— Nous ne sommes guère présentables ainsi, fit le chasseur en montrant en riant leurs costumes réciproques ; moi, à la rigueur, en me peignant un peu la figure et les mains, je pourrai passer ; mais vous c’est impossible !

— C’est vrai. Eh bien, laissez-moi faire ; je vais me confectionner un costume indien auquel vous n’aurez rien à reprocher. Vous, pendant ce temps-là, déguisez-vous comme vous l’entendrez.

— Ce sera bientôt fait.

— Et moi aussi.

Les deux hommes se levèrent tout joyeux, mais probablement pour des causes différentes. Balle-Franche était heureux d’aller au secours de son ami, tandis que don Miguel ne songeait qu’à doña Laura qu’il espérait revoir.

Au moment où ils se levaient, don Mariano les arrêta.

— Est-ce sérieusement que vous parlez ainsi, caballeros, leur demanda-t-il.

— Certes, répondirent-ils, on ne peut plus sérieusement.

— Alors, c’est fort bien ; je vais avec vous.

— Hein ! s’écria don Miguel en reculant avec stupéfaction ; êtes-vous fou, don Mariano ? vous qui ne connaissez pas les Indiens, qui ne savez pas un mot de leur langue, vous risquer dans ce guêpier ! C’est vouloir mourir !

— Non, répondit résolument le vieillard ; je veux revoir mon enfant !

Don Miguel n’eut pas le courage de combattre une résolution si nettement formulée, il baissa la tête sans répondre. Balle-Franche, lut, ne prit pas l’affaire à ce point de vue : parfaitement de sang-froid et par conséquent voyant loin et juste, il comprit les conséquences désastreuses qu’aurait pour eux la présence de don Mariano.

— Pardon, lui dit-il, mais, avec votre permission, cabal-