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Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/433

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L’ÉCLAIREUR.

chasseur augmenta la marche de la pirogue, si bien qu’au bout d’une demi-heure elle avait atteint une certaine rapidité relative, qui n’était pas pourtant assez grande pour inspirer des soupçons. Ils voguèrent ainsi sans encombre pendant plus d’une heure et finirent par entrer dans la ville. Mais, s’ils avaient cru opérer leur débarquement sans être aperçus, ils s’étaient trompés : aux environs du pont, endroit où un grand nombre de pirogues tirées à terre montrait que c’était là que s’arrêtaient les Indiens, Balle-Franche aperçut une sentinelle indienne qui, appuyée sur sa longue lance, le suivait du regard. Le Canadien explora rapidement les environs et s’assura que la sentinelle était seule.

— Bon ! murmura-t-il à part lui, s’il n’y a que toi, ce ne sera pas long.

Alors il rendit compte à don Miguel de ce qui se passait ; celui-ci lui répondit quelques mots.

— C’est vrai, dit le chasseur en se redressant, il n’y a que ce moyen.

Et il dirigea la pirogue directement sur la sentinelle. Dès que le Canadien fut à portée de voix :

— Ooah ! lui dit l’Indien, mon frère rentre bien tard à Quiepaa-Tani ; tout le monde dort à cette heure.

— C’est vrai, répondit Balle-Franche dans la langue dont s’était servie la sentinelle ; mais j’apporte de bien beau poisson.

— Eh ! fit curieusement le guerrier, puis-je le voir ?

— Non seulement mon frère peut le voir, répondit gracieusement le Canadien, mais encore je l’autorise à choisir celui qui lui plaira.

— Och ! mon frère a la main ouverte, le Wacondah ne la lui laissera jamais vide ; j’accepte l’offre de mon frère.

— Hum ! murmura Balle-Franche : pauvre diable, c’est étonnant comme il mord à l’hameçon : il ne se doute guère