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L’ÉCLAIREUR.

en recouvrant son uniforme avec l’esclavina et en passant à sa ceinture une longue rapière et une paire de pistolets doubles.

— Oui, seigneurie, répondit Pepito, le chapeau à la main.

— Bien ! mon fils ; tu les apporteras où je t’ai dit ; seulement, comme la nuit il est défendu de parcourir les rues à cheval, tu feras attention aux celadores et aux serenos.

Tous les bandits éclatèrent de rire à cette singulière recommandation.

— Là, reprit don Torribio, en se coiffant d’un chapeau à larges bords que Pepito lui avait apporté avec le reste, voilà qui est fait ; maintenant nous pouvons partir ; écoutez-moi attentivement, caballeros.

Les leperos et les autres coquins qui composaient l’assistance, flattés d’être traités de caballeros, se rapprochèrent de don Torribio afin de mieux entendre ses instructions.

Celui-ci continua.

— Vingt hommes marchant en troupe dans les rues de la ville éveilleraient, sans aucun doute, la susceptibilité et les soupçons des agents de la police ; nous avons besoin d’user de la plus grande prudence, et surtout du plus grand mystère, pour réussir dans l’expédition pour laquelle je vous ai convoqués ; vous allez donc vous séparer et vous rendre chacun isolément sous les murs du couvent des Bernardines ; arrivés là, vous vous dissimulerez le mieux qu’il vous sera possible et vous ne bougerez pas avant mon ordre. Surtout pas de rixe, pas de querelle ; vous m’avez bien compris ?

— Oui, seigneurie, répondirent les bandits tous d’une voix.

— Très-bien ; partez alors, il faut que vous soyez au couvent dans un quart d’heure.