Page:Aimard - L’Éclaireur, 1860.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
87
L’ÉCLAIREUR.

nous sommes convenus de nos faits et que nous nous entendons, je crois que nous ferons bien de nous mettre en route.

— Je partirai quand vous le voudrez.

— Un instant encore. Pouvez-vous pendant quelque temps vous passer de Ruperto ?

— Parfaitement.

— De quoi s’agit-il ? demanda celui-ci.

— D’un service à me rendre.

— Parlez, Bon-Affût, je suis prêt.

— Nul ne peut prévoir l’avenir : peut-étre dans quelques jours aurons-nous besoin d’alliés sur lesquels il nous soit possible de compter ; ces alliés, le chef ici présent nous les donnera quand nous les lui demanderons ; accompagnez-le dans son village, puis, dès qu’il y sera arrivé, quittez-le et prenez notre piste, sans cependant nous rejoindre positivement, mais seulement de façon que, si besoin était, nous sachions où vous rencontrer.

— J’ai compris, dit laconiquement le chasseur en se levant ; soyez tranquille.

Bon-Affût, se tourna alors vers l’Aigle-Volant et lui expliqua ce qu’il attendait de lui.

— Mon frère a sauvé l’Églantine, répondit noblement le chef ; l’Aigle-Volant est un sachem dans sa tribu ; deux cent guerriers suivront le sentier de la guerre au premier signe de mon père ; les Comanches sont des hommes, les paroles que soufflent leurs poitrines viennent de leur cœur.

— Merci, chef, répondit Bon-Affut, en serrant chaleureusement la main que lui tendait le Peau-Rouge ; que le Wacondah veille sur vous pendant votre voyage !

Après avoir mangé en hâte un morceau de venaison cuite sur les charbons du foyer, et bu un trago de pulque, dont, suivant l’habitude de sa nation, la seule qui ne boive