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L’ÉCLAIREUR.

qui jusqu’à ce moment avaient marché côte à côte, prirent la file indienne, à cause des difficultés du chemin, c’est-à-dire qu’ils ne s’avancèrent plus qu’à la suite l’un de l’autre.

Arrivés dans les hautes herbes, après être sortis de la forêt, il s’arrêtèrent un instant pour s’orienter.

— Il est tard, observa Bon-Affût.

— Oui, il est près de midi ; suivez-moi, nous aurons bientôt rattrapé le temps perdu.

— Comment cela ?

— Au lieu de marcher, ne seriez-vous pas d’avis de faire la route à cheval ?

— Oui, si nous avions des chevaux ?

— Voila justement ce que je veux vous procurer.

— Vous avez des chevaux ?

— J’ai laissé cette nuit, ici aux environs, mon cheval et celui de Ruperto, pour aller au rendez-vous que m’avait assigné don José, rendez-vous auquel j’étais forcé d’aller dans une pirogue.

— Eh ! eh ! ces braves bêtes arrivent bien ; pour ma part je suis rompu, je vous l’avoue ; voici longtemps déjà que je chemine à pied à travers la Prairie, mes jambes commencent à ne plus vouloir me porter.

— Venez par ici, nous ne tarderons pas à les voir.

En effet, les chasseurs n’eurent pas fait trois cents pas dans la direction marquée par Balle-Franche, qu’ils aperçurent les chevaux occupés à brouter tranquillement les pois grimpants et les jeunes pousses des arbres. Les nobles bêtes, en entendant le sifflet d’appel, relevèrent leur tête fine et intelligente, et accoururent vers les chasseurs en hennissant de plaisir. Ainsi que c’est l’habitude dans la Prairie, ils étaient sellés ; seulement leur bossal était suspendu à leur cou. Les chasseurs les bridèrent, sautèrent sur leur dos et se remirent en route.