Page:Aimard - L’Esprit blanc, 1866.djvu/139

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en France, ne l’y retrouvant plus, vous direz « Elle est infidèle » et vous en épouserez une autre… et vous serez heureux…

À ces pensées, des larmes amères coulaient sur ses joues pâles et jusque sur sa robe moins blanche que son pauvre visage désolé.

Quand le crépuscule fut venu, la vieille Indienne quitta son travail et s’approcha d’elle pour l’inviter de nouveau à manger ou à boire. Sa voix et ses allures parurent si douces à Marguerite qu’une lueur d’espoir l’engagea à solliciter la liberté.

— Je ne suis point faite, lui dit-elle, pour être l’épouse de votre fils, ni pour, vivre parmi votre peuple. Laissez-moi m’en aller et partir pour la Nouvelle-Orléans par le plus prochain navire. Vous serez tous deux généreusement récompensés. Le gouverneur Périer vous donnera pour moi une magnifique rançon. J’ai un parent qui est riche ; il vous donnera un monceau d’argent !