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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/121

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LA FIÈVRE D’OR.

— Alors, veuillez répondre à la question que je Vous ai adressée.

— Rien de plus facile, señorita. Je suis en effet, celui qu’on nomme don Cornelio Mendoza y Arrizabal, et j’ai l’honneur d’être gentilhomme espagnol.

— Voilà qui est parler clairement et catégoriquement, fit-elle d’un petit air mutin. S’il en est ainsi, caballero, je vous prierai de me suivre.

— Au bout du monde ! s’écria le jeune homme avec élan. Vive Dieu ! jamais je ne voyagerai en aussi douce compagnie.

— Je vous remercie du compliment, caballero, mais je n’ai pas l’intention de vous conduire aussi loin ; je veux seulement vous accompagner auprès de ma maîtresse, qui désire vous voir et vous entretenir un instant.

— Rayo del cielo ! si la maîtresse est seulement aussi jolie que la camériste, je ne regretterai pas le voyage dût-il durer huit jours.

La jeune fille sourit encore.

— C’est dans cette hôtellerie même, à quelques pas à peine, qu’habite en ce moment ma maîtresse.

— Tant pis, tant pis ! j’eusse de beaucoup préféré avoir plusieurs lieues à faire avant que de la rencontrer.

— Trêve de galanteries. Êtes-vous disposé à me suivre ?

— À l’instant, senorita.

Et rejetant sa jarana sur son dos, saluant une dernière fois l’assemblée qui s’ouvrait avec respect devant lui :