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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/161

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LA FIÈVRE D’OR.

raché à son inertie, pris tout à coup d’une fièvre d’activité immense, il résolut de profiter habilement de l’anarchie générale pour conquérir une position.

Il escalada pour ainsi dire au galop les premiers grades, et atteignit avec une rapidité vertigineuse celui de colonel.

Arrivé là, il se maria, afin d’asseoir sa position, et de lui donner ce sérieux dont il avait besoin pour la grande partie qu’il allait engager, et que dans son esprit, il voulait terminer par sa nomination à la présidence.

Déjà fort riche par lui-même, son mariage accrut encore sa fortune, que cependant il chercha à augmenter par tous les moyens possibles.

Don Sebastian savait par excellence combien un pronunciamiento bien réussi coûte cher, et il ne voulait pas subir d’échec.

Comme si tout devait constamment favoriser cet homme, dans tout ce qu’il entreprenait, sa femme, bonne et charmante créature, dont jamais il ne comprit l’amour ni le dévouement, mourut après une courte maladie et le laissa père d’une fille aussi bonne et aussi charmante qu’elle, cette belle Angela, que déjà plusieurs fois nous avons entrevue dans le cours de ce récit.

Don Sebastian aurait pu se remarier s’il l’eût voulu ; mais, par son premier mariage, il avait obtenu le résultat qu’il désirait, il préféra rester libre.

À l’époque où nous sommes arrivés, don Sebastian Guerrero était parvenu au grade de général et s’était fait nommer gouverneur politique de l’État