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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/218

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LA FIÈVRE D’OR.

fit, les expéditions flibustières des seizième et dix-septième siècles.

C’était une nouvelle voie ouverte pour sortir de l’affreuse misère dans laquelle ils croupissaient ; les aventuriers s’y jetèrent avec empressement.

Des entreprises flibustières se montèrent alors de tous les côtés avec autant d’ordre que s’il se fût agi d’opérations financières commerciales nullement répréhensibles, et le trop plein de San-Francisco commença, au grand soulagement de la population paisible, à déborder sur les contrées environnantes.

Le comte Luis était donc arrivé dans un moment propice pour mettre à exécution le projet qu’il méditait.

Le comte appartenait à l’une des plus nobles, et des plus vieilles familles de France. Il jouissait, à juste titre, d’une réputation sans tache en Californie ; de plus il était fort sévère sur le choix des hommes qu’il enrôlait ; enfin, ce qui flatte surtout les individus qui n’ont rien à perdre, il offrait un but honorable à leur ambition : il n’en fallait pas davantage pour éveiller l’émulation de tous les porte-guenille et les exciter à venir es placer sous ses ordres.

Parmi les aventuriers, il en était beaucoup qui, à plus d’un titre, étaient des gens fort estimables, qui ne méritaient nullement le triste sort qu’ils subissaient, et qui, séduits par l’inconnu, avaient été attirés en Californie par les fallacieuses promesses des exploiteurs européens et avaient été les victimes des loups cerviers qui, dans le principe, les avaient fait émigrer.

Ces hommes supportaient noblement leur misère,