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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/221

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LA FIÈVRE D’OR.

leurs frontières par les blancs et défendraient pied à pied le terrain contre eux.

Le gouvernement mexicain n’avait autorisé la formation de la société minière fondée par le comte, et à la tête de laquelle il s’était mis, et n’avait permis l’exploitation de la mine qu’à la condition sine qua non que les mineurs, formés et organisés militairement, courraient sus aux Indiens, leur livreraient combat partout où ils pourraient les atteindre, et les chasseraient définitivement des territoires qu’ils avaient usurpés depuis la proclamation de l’indépendance, et sur lesquels, ainsi que nous l’avons dit, ils s’étaient installés et fixés à demeure.

C’était une rude tâche et une mission presqu’impossible que le comte avait acceptée ; tout autre à sa place, devant les conditions léonines qui lui étaient faites, aurait reculé et refusé enfin de les accepter au risque de renoncer à l’expédition et de faire péricliter ses intérêts.

Mais le comte Louis était un homme d’élite, doué d’une rare énergie, que les obstacles au lieu de l’abattre ne faisaient qu’augmenter. Et puis, à lui personnellement, que lui importait l’issue de l’affaire ? ce n’était pas la richesse, c’était la mort qu’il cherchait ; seulement il voulait ne succomber qu’après avoir donné à ses compagnons ce bien-être qu’il leur avait promis et les mettre pour toujours à l’abri de l’adversité.

Il accepta donc.

Seulement il n’accepta ni en aveugle, ni en égoïste, ni en ambitieux ; il accepta en homme de cœur qui se sacrifie pour une idée et pour le bien