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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/232

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LA FIÈVRE D’OR.

vois, il te faudrait à peu près quatre-vingt ou cent mille piastres pour être parfaitement à jour ?

— Oh ! alors j’aurais plus qu’il ne me faudrait.

— Il vaut mieux avoir trop que pas assez.

— C’est vrai ! mais où trouver une pareille somme ?

— Laisse-moi te raconter une histoire.

— Hein ? fit Louis avec surprise ; plaisantes-tu, frère ?

— Je ne plaisante jamais dans les circonstances sérieuses. Écoute mon histoire, je suis convaincu qu’elle t’intéressera.

Louis ne put réprimer un mouvement de mauvaise humeur ; il se laissa aller sur le dos de son fauteuil et croisant les bras sur la poitrine :

— Parle, dit-il, je t’écoute.

— Patience, fit Valentin en souriant.

Le comte hocha la tête.

— Je commence, reprit le chasseur. Tu te rappelles, n’est-ce pas, de quelle façon tu nous quittas dans la venta de San-José ?

— Parfaitement.

— Le lendemain je vendis le troupeau en bloc. Plus tard, je t’expliquerai de quelle façon ; j’aurai même certains renseignements à te demander à ce sujet. Quant à présent, qu’il te suffise de savoir que je fis une excellente affaire, et que je le cédai pour quatorze mille six cent trente piastres.

— Belle somme ! Malheureusement, nous sommes loin de compte encore.

— Patience ! Ainsi, l’affaire est bonne ?

— Excellente ! ici je n’en aurais pas tiré autant.

— Tant mieux ; à Guaymas j’ai pris une traite sur la maison Wilson et Baker. La connais-tu ?