Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
LA FIÈVRE D’OR.

— Eh bien ?

— Rien, rien.

— Si, tu as quelque chose, parle.

— Au fait, pourquoi en ferais-je un mystère ? Connais-tu ce gouverneur ?

— Ma foi non ; je sais seulement qu’il est colossalement riche, qu’il se nomme don Sebastian Guerrero, et qu’il est général.

— Voilà tout ?

— Oui.

— Eh bien ! si tu crois ne pas le connaître, tu te trompes.

— Bah !

— Oui ; tu lui as même, à ce qu’il paraît, rendu un grand service.

— Tu plaisantes ; jamais je ne l’ai vu.

— Eh bien ! voilà où est l’erreur ; tu l’as vu si bien que, en digne chevalier errant que tu es, tu l’as, il paraît, arraché des mains des mécréans.

— Voyons, parlons sérieusement.

— Je ne demande pas mieux ; en un mot, tu as sauvé la vie à lui et à sa fille.

— Moi ! tu es fou.

— Pas le moins du monde ; de sorte que le père et surtout la jeune fille, qui, entre nous, est charmante, conservent de toi le plus touchant souvenir.

— Qui diable a pu te faire cette belle histoire ?

— Pardieu ! le général lui-même.

— Ceci est fort, par exemple.

— Voyons, réfléchis un peu : il y a trois ou quatre ans, je ne sais pas trop au juste, en sortant de Guadalajara, je crois, n’as-tu pas…

— Attends donc, fit vivement le comte : il serait