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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/253

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LA FIÈVRE D’OR.

Lorsque l’inconnu entra, il le salua par un mouvement de la tête, lui indiqua un siége de la main et lui dit laconiquement :

— Fermez la porte, et asseyez-vous.

L’inconnu se débarrassa de son manteau et de son chapeau, qu’il jeta sur un meuble, et après avoir fermé la porte, comme on le lui avait recommandé, il se laissa tomber sur une butacca, en poussant un soupir de satisfaction.

Nous décrirons en quelques mots ces deux nouveaux personnages.

Le premier, c’est-à-dire le maître de la maison, était un petit homme replet et grassouillet, aussi large que haut, aux traits communs et bouffis, au nez enluminé, et dont les petits yeux gris, percés comme avec une vrille, donnaient à sa physionomie une expression de fausseté doucereuse et de lâche méchanceté.

Cet homme était entre deux âges ; il avait environ cinquante ans, bien qu’il ne les parût pas à cause de la fraîcheur de son teint apoplectique et des longues mèches plates et graisseuses de ses cheveux noirs, qui tombaient au-dessous de ses oreilles rouges et épaisses.

Ce digne personnage était vêtu à l’Européenne, avec une profusion de bijoux et de bagues aux doigts, et ne ressemblait pas mal, quant au costume et aux manières triviales, mêlées d’effronterie et de timidité, à un boucher ou à un marchand de bestiaux endimanché.

Son visiteur, que nous avons entrevu déjà dans le cours de ce récit, formait avec lui un contraste parfait.