Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
LA FIÈVRE D’OR.

— C’est vrai, et maintenant vous l’avez bien saisie ?

— Parfaitement.

— Tant mieux, nous pourrons aussi nous expliquer franchement.

— Oui, répondit don Antonio avec un accent railleur, et pour commencer, señor Garrucholo, quittez un instant votre personnalité d’emprunt, j’aime à savoir avec qui je traite.

Le Garrucholo, car sous le colonel don Francisco Florès se cachait effectivement l’ancien bandit, tressaillit involontairement en se voyant ainsi découvert ; il lança un regard de vipère à l’homme qui l’avait démasqué, et lui saisissant fortement le bras :

— Prenez garde, don Antonio, il y a de ces secrets qui tuent ceux qui les possèdent.

— C’est possible, mon maître, répondit l’autre, triomphant intérieurement de l’effet produit par sa révélation ; mais comme, si je ne me trompe, nous allons conclure ensemble une affaire assez scabreuse sous tous les rapports, j’ai voulu vous prouver que si vous aviez mon secret, moi, j’ai le vôtre, et qu’il est de votre intérêt d’agir loyalement avec moi.

— Gens menacés vivent longtemps, fit le bandit en haussant les épaules.

— Je ne menace pas, seulement je prends mes précautions, voilà tout. Maintenant, causons.

Les deux hommes rapprochèrent leurs siéges et entamèrent un entretien, d’oreille à oreille, d’une voix si basse que nul n’aurait pu les entendre.