rent dejoie en les embrassant, leur prodiguent les caresses les plus tendrement fraternelles, leur donnent plus que ceux-ci n’oseraient leur demander ; puis un beau jour, tout à coup, sans raison, sans motif, sans le plus léger prétexte enfin, ils changent du blanc au noir, se mettent à haïr de toutes leurs forces ces étrangers qu’ils ont tant choyés, les insultent, les trahissent, leur tendent des guet-apens, et définitivement les maltraitent ou les assassinent, et cela toujours en leur tendant la main et en leur souriant.
Si nous voulions récriminer, combien de noms pourrions-nous citer, combien d’ombres il nous serait facile d’évoquer à l’appui de nos paroles, sans compter le noble et infortuné de Raousset-Boulbon et le bonifiant et généreux Lapuillade, victimes offertes lâchement en holocauste à ce hideux préjugé mexicain, préjugé qui forme le fond de la politique de ce malheureux peuple et qui le perdra ; non par la haine de l’étranger, sentiment noble et national, mais par la haine des Européens, qu’ils désespèrent d’égaler jamais, et auxquels ils portent, dans leur ignorance et leur incurie, une jalousie et une envie mortelles.
Il est évident que pendant les dix ans de luttes que le Mexique a eues à soutenir contre l’Espagne, ce pays a produit de grands et nobles caractères ; mais il semble qu’épuisé par cet effort gigantesque, il soit incapable d’en jeter d’autres semblables dans le creuset, car depuis sa première heure de liberté jusqu’aujourd’hui, il n’a pas produit un seul homme digne de marcher, même de loin, sur les traces des illustres fondateurs de son indépendance.
Ceci est fort triste à dire, et pourtant on nous