rait-il une grande partie du jour les yeux fixés sur la mer, épiant avec anxiété chaque voile qui apparaissait à l’horizon, espérant à chaque instant voir arriver son ami, supposant avec quelque apparence de raison que la présence du comte et de ses braves compagnons suffirait pour imposer silence à ceux qui cherchaient à lui nuire, d’autant plus que la masse de la population, non-seulement n’était pas hostile à l’expédition, mais au contraire paraissait fort bien disposée à son égard.
Les choses en étaient là lorsqu’un matin que, selon sa coutume, Valentin se préparait à se rendre à son observatoire — c’est ainsi qu’il nommait le rocher sur lequel il se tenait pendant des journées entières, — don Antonio Pavo et le colonel Florès entrèrent tout effarés dans le cuarto qui lui servait d’habitation en criant, en gesticulant et en répétant tous deux à la fois :
— Les voilà ! les voilà ! ils arrivent ! ils arrivent !
— Qui ? leur demanda Valentin, qui n’osait encore ajouter foi à une aussi heureuse nouvelle.
— El conde ! el conde !
— Dans une heure, au plus tard, il sera ici, fit don Antonio.
— Peut-être avant, appuya le colonel.
— Nous allons au-devant de lui.
— Et moi aussi, s’écria Valentin.
Ils sortirent.
La nouvelle s’était répandue avec la rapidité d’une traînée de poudre.
Guaymas était en fête.
Immédiatement, sans qu’aucun ordre eût été donné par les autorités de la ville, les maisons s’é-