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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/276

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LA FIÈVRE D’OR.

que le premier et qui du reste obtint le même succès.

Nous ferons observer que les Mexicains adorent les discours.

Enfin, lorsque les deux magistrats eurent fini de parler, le comte s’inclina, les salua avec grâce, et leur répondit par quelques-uns de ces mots qui viennent du cœur et qu’il savait si bien trouver.

Cette fois ce ne fut plus de l’enthousiasme ni du délire, ce fut une véritable frénésie : la foule hurlait et trépignait de joie, en agitant les mouchoirs et en faisant voler les chapeaux, et de toutes les fenêtres une véritable pluie de fleurs s’échappa des mains mignonnes des señoritas, et inonda littéralement les aventuriers, qui répondirent cordialement à cette délicate attention.

La compagnie entra dans son logement. C’était une grande maison, avec une vaste cour intérieure, parfaitement disposée pour l’usage auquel elle servait en ce moment, et qui semblait avoir été faite pour ce but.

Les aventuriers s’installèrent immédiatement, sous les ordres de leurs officiers ; et avec cette facilité d’emménagement que possèdent si bien les Français, ils surent tirer si parfaitement parti de tout, qu’une heure après avoir pris possession de cette maison, on aurait juré qu’ils y étaient établis depuis plusieurs mois déjà, tant chaque chose était à sa place et les chambrées bien installées.

Le comte se croyait enfin débarrassé de l’alcade et du juez de lettras ; il n’en était rien : les dignes magistrats avaient encore plusieurs demandes à lui adresser avant que de le laisser libre, et ces demandes leur tenaient au cœur.