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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/278

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LA FIÈVRE D’OR.

alléchés par la facilité avec laquelle le comte avait accédé à leur première demande, ils se hasardèrent à articuler la seconde.

Celle-ci, dans leur pensée, était beaucoup plus délicate, intérieurement ils redoutaient un refus.

Voici ce dont il s’agissait.

La Fête-Dieu est la cérémonie religieuse la plus importante du Mexique. Cette fête, pour laquelle les populations s’imposent les plus grands sacrifices afin d’ajouter à sa splendeur, tombait cette année justement quelques jours après l’arrivée des Français en Sonora.

Il s’agissait d’obtenir du comte qu’il consentît à faire tirer le canon par les artilleurs et avec les pièces de la compagnie pendant tout le temps que la procession parcourrait les rues de la ville.

Guaymas possédait bien des canons dans le fort ; malheureusement ces canons étaient privés d’affûts d’abord, puis rendus complétement hors de service par la rouille.

On comprend que dans l’esprit des superstitieux Sonoriens, pour une fête aussi solennelle, les cloches ne suffisaient pas, et que la cérémonie manquerait complétement de solennité si quelques coups de canon au moins n’étaient tirés.

Les dignes magistrats causaient sans s’en douter un vif plaisir au comte en lui demandant comme une faveur deux choses que, s’il l’eût osé, il aurait réclamées comme un droit.

En voici la raison :

Depuis la découverte de l’or, tant de mauvais drôles de toute espèce étaient allés se réfugier à San-Francisco, que la population californienne