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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/294

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LA FIÈVRE D’OR.

— Cela leur est péremptoirement défendu ; ils se garderont bien de désobéir à l’ordre qu’ils ont reçu.

— Ah ! fit-elle d’un ton boudeur.

Au même instant, la porte s’ouvrit avec fracas, et un domestique annonça d’une voix claire et parfaitement accentuée :

— Son Excellence le comte don Luis de Prébois-Crancé, Son Excellence don Cornelio Mendoza.

Si le comte avait l’intention de produire de l’effet, son but fut complétement atteint.

Son entrée imprévue fut un véritable coup de théâtre, et causa une émotion générale, dont certes il lui eût été impossible de calculer l’immense portée.

Toutes les dames s’étaient levées, et, groupées autour du général, elles examinaient d’un œil curieux et craintif le chef des aventuriers.

Le comte, dont le splendide costume de ranchero, qu’il portait avec une grâce inimitable, ajoutait encore au charme fascinateur répandu sur toute sa personne, fit quelques pas en souriant, salua à la ronde par un geste rempli de distinction, et attendit.

Le général était subitement devenu d’une pâleur livide.

L’annonce de l’arrivée du comte répandue dans les autres salons avec une rapidité incompréhensible, avait subitement arrêté les danses et les jeux ; tous les invités abandonnant les autres pièces, s’étaient élancés vers le salon où l’on disait que se trouvait le comte.

Cependant chaque seconde qui s’écoulait ajoutait