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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/300

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LA FIÈVRE D’OR.

— Je vais le faire, puisque vous l’exigez, dit-il ; du reste, peut-être vaut-il mieux qu’il en soit ainsi ; de cette façon, je saurai de suite ce que je dois craindre ou espérer.

— Vous devez tout espérer de moi, comte, fit le général d’une voix insinuante ; je ne vous veux pas de mal, au contraire ; je désire vous servir, et pour vous donner l’exemple de la franchise, je commencerai par vous déclarer que votre sort dépend de vous seul, que le succès ou la ruine de votre entreprise sont également entre vos mains.

— S’il en est réellement ainsi, général, la discussion ne sera pas longue entre nous ; mais permettez-moi d’abord de vous exposer mes griefs, afin de bien éclaircir la position.

— Faites.

— D’abord, permettez-moi une question : Connaissez-vous les conditions de mon traité avec le gouvernement mexicain ?

— Je les connais d’autant mieux, comte, que je possède entre les mains un double de ce traité.

Don Luis fit un geste d’étonnement.

— Cela ne doit pas vous surprendre, continua le général ; souvenez-vous de ce qui s’est passé à Mexico : n’est-ce pas à une personne influente, dont vous ignorez le nom, que vous avez dû de voir tomber les obstacles insurmontables qui s’opposaient à l’acceptation de votre traité par le président de la République ?

— Je l’avoue.

— Cette personne, maintenant je puis vous le dire, c’est moi.

— Vous, général ?