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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/303

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LA FIÈVRE D’OR.

— Comment ! sur la prière de votre gouvernent, je viens en Sonora avec la mission d’exploiter des mines ; c’est grâce à votre influence, vous-même l’avez avoué, que mon traité est signé ; confiant dans la loyauté mexicaine, j’organise une expédition, j’arrive, et mes co-associés, vous tout le premier, se tournent contre moi et me traitent, non pas comme leur ami, leur représentant, non pas même avec les égards dus à un gentilhomme, mais ils affectent de me considérer presque comme un flibustier.

— Oh ! comte, vous allez trop loin !

— Sur mon âme, général, il n’y a qu’au Mexique où l’on puisse voir des choses semblables.

— Mais non, comte, vous vous méprenez : personne ne cherche à vous nuire, au contraire.

— Cependant, jusqu’à présent, vous, un des plus forts actionnaires de la société, vous dont l’intérêt est en jeu, en un mot, qui auriez dû, grâce au pouvoir dont vous disposez, nous aider d’une manière efficace, vous ne vous êtes servi de ce pouvoir que pour entraver nos mouvements et nous nuire de toutes façons.

— Oh ! comte, quels termes vous employez-là.

— Mon Dieu ! général, excusez-moi, mais il est temps que toutes ces vexations ridicules cessent et qu’il me soit permis de me rendre aux mines ; tout cela a duré trop longtemps.

Le général parut réfléchir un instant.

— Voyons, franchement, dit-il enfin, est-ce bien réellement que vous n’avez pas compris pourquoi j’agissais avec vous ainsi que je le fais ?

— Je vous le jure.

— C’est étrange ; pardonnez-moi à votre tour,