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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/305

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LA FIÈVRE D’OR.

bénéfices ; j’ai compris, en outre, que le gouvernement ne pouvant efficacement protéger les habitants de la Sonora contre les incursions des Apaches et des Comanches, serait charmé que ces mêmes étrangers se chargeassent à leurs risques et périls de contenir ces féroces pillards dans les limites de leurs déserts ; j’ai compris enfin que le général don Sebastian Guerrero, auquel j’ai été assez heureux pour sauver la vie, ainsi qu’à sa fille, et qui m’a conservé une si grande reconnaissance, avait saisi avec empressement l’occasion de me rendre à son tour un service, en mettant la grande influence dont il dispose à ma disposition, pour me faire obtenir ce que je sollicitais vainement depuis si longtemps ; voilà tout ce que j’ai compris, général.

— Ah ! c’est tout ?

— Oui, me serais-je trompé ?

— Peut-être.

— Alors soyez assez bon pour vous expliquer catégoriquement, général.

— À quoi bon, maintenant ? il est trop tard, répondit le général en lui lançant un regard d’une expression indéfinissable.

— Pourquoi donc, trop tard ?

Don Sebastian se rapprocha vivement du comte, et s’arrêtant en face de lui :

— Parce que maintenant, lui dit-il, nous ne pourrons jamais nous entendre.

— Vous le croyez, général ?

— J’en suis sûr.

— Mais pour quelle raison ?

— Vous voulez que je vous la dise ?

— Je vous en prie.