Aller au contenu

Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
310
LA FIÈVRE D’OR.

da-t-elle. — Oui, répondis-je. — En ce cas, dit-elle, vous êtes ami du comte. Je devinai de suite que c’était de vous que mon inconnue voulait parler. — Je suis son intime ami, repris-je. — C’est bien, fit-elle en tirant de son corsage une petite lettre qu’elle plaça dans ma main ; remettez-lui ce billet le plus tôt possible ; il s’agit de choses excessivement graves. Je saisis le papier sur lequel je jetai machinalement les yeux ; lorsque je les relevai, l’inconnue avait disparu, fui comme un sylphe sans laisser de traces ; il me fut impossible de la rejoindre, cette diable d’église était si obscure.

— Eh bien ! et ce papier, où est-il, demanda don Luis.

— Le voici ! Oh ! je ne l’ai pas perdu, il m’a été trop chaudement recommandé.

Le comte le prit, et sans le regarder, le jeta sur sa table ; depuis son arrivée au Pitic, il en recevait chaque jour une vingtaine sans avoir voulu une fois répondre à un seul ; il ne les lisait même plus, tant il était convaincu qu’ils contenaient tous la même chose.

— Et maintenant, dit-il, vous avez fini, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Alors écoutez-moi à votre tour, reprit-il en lui donnant la lettre que, pendant son absence il avait préparée pour le chasseur : vous allez à l’instant monter à cheval, partir pour Guaymas, remettre cette lettre à don Valentin, et m’apporter la réponse. Est-ce dit ?

— Certes.

— Je puis me fier à votre diligence ?