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LA FIÈVRE D’OR.

— Je pense que vous avez raison, mais le voudront-ils ?

— Pourquoi pas ? s’ils suivent la même route que nous, ils retireront autant d’avantages de notre présence que nous de la leur.

— C’est vrai. Leur avez-vous parlé ?

— Non ; je vous l’ai dit, ils arrivent à l’instant ; vous devriez essayer de les décider.

— Je ne vois pas d’inconvénient à le tenter du moins, répondit le colonel.

Quittant alors don Cornelio, il s’avança vers les étrangers, et les saluant poliment :

— Vous avez de magnifiques chevaux, caballeros, leur dit-il ; je les reconnais pour être des prairies.

— Ce sont effectivement des chevaux des prairies, caballero, répondit un des étrangers en rendant le salut qui lui était fait.

— Vous terminez votre journée de bien bonne heure, continua le colonel. Avec des montures comme les vôtres, on doit cependant pouvoir faire de longues traites.

— Qui vous fait supposer, caballero, que notre journée soit finie ?

— Mais, votre arrivée dans cette hôtellerie d’aussi bon matin.

— Ah !… vous pourriez vous tromper.

— Pardonnez-moi mon indiscrétion, caballeros. Venez-vous de Guadalajara, ou bien y retournez-vous ?

— Caballero, répliqua sèchement celui des étrangers qui, jusqu’alors, avait porté la parole, nous vous pardonnons d’autant plus votre indiscrétion qu’il paraît que dans cette hôtellerie tout le monde