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LA FIÈVRE D’OR.

— Pardieu ! dit-il, Curumilla, mon ami, j’ai été bien fou de vous croire et de vous suivre jusqu’ici ; il est évident que nous sommes perdus.

L’Indien secoua négativement la tête.

— Hum ! je sais que vous autres vous avez un merveilleux talent pour suivre une piste, et que sans jamais être venus dans un endroit, il est rare que vous vous égariez. Cependant, ni vous ni moi n’avons jusqu’à présent parcouru ces parages, qui nous sont parfaitement inconnus ; l’obscurité est si complète, que c’est à peine si je distingue les objets à deux pas devant moi. Croyez-moi, convenez-en, nous sommes perdus. Pardieu ! ces choses-là arrivent à tout le monde. Je suis d’avis de nous arrêter ici et d’attendre le lever du soleil avant que de reprendre nos recherches, d’autant plus que, depuis près de deux heures, il nous a été impossible de découvrir la moindre trace qui nous prouvât que nous sommes toujours sur la bonne voie.

Curumilla, sans répondre, mit pied à terre, explora la clairière dans tous les sens ; puis, au bout de quelques minutes, il revint auprès de son ami et fit le geste de remonter à cheval.

Valentin avait attentivement suivi ses mouvements.

— Eh bien ! lui dit-il en l’arrêtant, vous n’êtes pas encore convaincu ?

— Une heure de plus, répondit l’Indien en se dégageant doucement et se remettant en selle.

— Parbleu ! fit Valentin, je vous avoue que je commence à me fatiguer de jouer ainsi à cache-cache dans cette inextricable forêt, et si vous ne me donnez pas une preuve positive de ce que