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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/84

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LA FIÈVRE D’OR.

— Ne te souviens-tu pas d’avoir découvert à Belhumeur, digne et loyal chasseur du reste, les causes de la morne tristesse qui te dévore, et pour quelle raison, sans espoir de jamais réussir dans tes recherches, sur de vagues soupçons, tu étais venu au Mexique afin de retrouver ton ami le plus cher, dont, depuis bien des années, tu étais séparé ?

— Oui, je me rappelle lui avoir dit tout cela.

— Le reste n’est pas difficile à comprendre. Lié depuis longtemps avec Belhumeur, Dieu sans doute nous mit face à face pendant une chasse sur le rio Colorado. Un soir, assis devant le feu où rôtissait notre souper, après avoir causé de mille choses indifférentes, Belhumeur, que tu n’avais quitté que quelques jours à peine auparavant, en vint peu à peu à me parler de toi. Dans le premier moment, absorbé par mes propres pensées, je n’attachai que peu d’importance à ses récits ; mais, lorsqu’il en arriva à me raconter les incidents de votre rencontre dans le désert avec le comte de Lhorailles, ton nom, prononcé sans intention sans doute par Belhumeur, me fit soudain tressaillir. Alors ce fut à moi de l’interroger à mon tour. Lorsque je fus parvenu à tout savoir en lui faisant vingt fois recommencer le même récit, ma résolution fut immédiatement prise ; deux jours plus tard, je me mettais sur tes traces. Voilà trois mois que je te suis à la piste ; enfin je t’ai retrouvé. Cette fois, j’espère que ce sera pour toujours, fit-il avec un soupir étouffé ; seulement j’ignore ce que tu es devenu depuis trois mois. Conte-moi ce que tu as fait, je t’écoute.

— Oui, je vais tout le dire. Aussi bien, à part la joie que j’éprouve à te retrouver, mon but, en te