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Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/91

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LA FIÈVRE D’OR.

les remontrances du chasseur ; puis, lorsqu’elles étaient terminées, il râclait une ritournelle et reprenait son romancero, philosophie que le chercheur de pistes, tout en la blâmant, ne pouvait s’empêcher d’admirer.

Curumilla était toujours l’homme que nous avons connu, prudent, prévoyant et silencieux, mais avec une forte dose de prudence, de prévoyance et de taciturnité de plus ; toujours l’œil ouvert et l’oreille tendue, le chef araucan voltigeait sans dire un mot d’une extrémité de la caravane à l’autre, veillant si bien à sa sûreté, que, ainsi que nous l’avons dit, aucun accident fâcheux ne vint attrister le voyage, jusqu’au moment où nous reprenons notre récit.

Ils descendirent ainsi les revers boisés de la Sierra-Nevada et entrèrent dans les plaines nues et sablonneuses qui s’étendent jusqu’à la mer et dans lesquelles, à part San-José et Monterey, villes agonisantes et à demi ruinées, le voyageur ne trouve que des arbres rabougris et des buissons épineux disséminés à de longues distances.

Trois jours avant d’arriver à San-José, misérable pueblo (village) qui sert de lieu de repaire aux chasseurs et aux arrieros qui fréquentent ces parages, mais où la population décimée par les fièvres et la misère ne peut, malgré toute sa bonne volonté, être d’aucun secours aux forasteros (voyageurs), qui, au contraire, la nourrissent et l’habillent, la caravane campa sur les bords d’un ruisseau perdu, à l’abri de quelques arbres du Pérou et mesquites étiolés qui avaient poussé là par le hasard, et que le vent de la mer secouait incessamment et couvrait