Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/124

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dans sa bouche hautaine et surtout dans l’élégance native de ses membres vigoureux qui semblaient taillés sur le modèle de l’Hercule grec, quelque chose de fier, de résolu et d’indépendant qui dénotait plutôt l’orgueilleux Comanche ou le féroce Apache que le stupide Hiaqui ; mais, dans cette foule, nul ne songeait à s’occuper de cet Indien, qui, de son côté, se gardait bien d’attirer l’attention et se faisait, au contraire, le plus petit possible.

Les Hiaquis sont accoutumés à venir à Guaymas se louer comme ouvriers ou hommes de peine ; aussi la présence d’un Indien n’a-t-elle rien qui soit extraordinaire et n’est-elle pas remarquée.

Enfin, à huit heures du matin à peu prés, don Sylva de Torrès donnant la main à sa fille vêtue d’un délicieux costume de voyage, parut sous le péristyle de sa maison.

Doña Anita était pâle comme un linceul ; ses traits tirés, ses yeux rougis témoignaient des souffrances de la nuit et de la contrainte qu’elle était en ce moment même obligée de s’imposer pour ne pas fondre en larmes aux yeux de tous.

À sa vue, don Martial et Cucharès échangèrent un rapide regard, tandis que l’Indien dont nous avons parlé plus haut laissait errer sur ses lèvres un sourire d’une expression indéfinissable,

À l’arrivée de l’haciendero, le silence se rétablit comme par enchantement ; les arrieros coururent se placer à la tête de leurs mules ; les domestiques, armés jusqu’aux dents, se mirent en selle, et don Sylva, après s’être d’un coup d’œil assuré que tout était prêt et que ses ordres avaient été ponctuellement exécutés, fit entrer sa fille dans le palanquin où