Le comte ne se dissimulait pas que, si la position était difficile, il en était lui-même cause.
Investi par le gouvernement d’un commandement important, chargé spécialement de protéger les frontières contre les incursions indiennes, il n’avait encore fait aucun mouvement et n’avait d’aucune façon cherché à remplir le mandat que non-seulement il avait accepté, mais encore qu’il avait lui-même sollicité.
La lune du Mexique commençait dans un mois ; il fallait absolument, avant cette époque, frapper un coup décisif, qui inspirât aux Indiens une terreur salutaire, les empêchât de se réunir et déjouât ainsi leurs projets.
Le comte réfléchissait depuis assez longtemps, oubliant dans sa préoccupation les hôtes qu’il avait amenés dans son habitation, et dont il n’avait pas encore songé à s’informer, lorsque son vieux lieutenant parut devant lui.
— Que voulez-vous, Martin ? lui demanda-t-il.
— Excusez-moi de vous déranger, capitaine ; Diego Léon, de garde avec huit hommes à la batterie de l’isthme, me fait dire à l’instant qu’un cavalier demande à être introduit auprès de vous pour affaire sérieuse.
— Quel homme est-ce ?
— Un blanc, bien vêtu, monté sur un excellent cheval.
— Hum ! il n’a rien dit de plus ?
— Pardon ; il a ajouté ceci : Vous direz à celui qui vous commande que je suis un des hommes qu’il a rencontrés au rancho de San José.
Le visage du comte se dérida :