Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/170

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raisons que je sais et dont il est inutile que je vous entretienne ; ils font de la réussite de cette attaque un point d’honneur ; retranchez-vous donc ici du mieux que vous pourrez. Vous avez une garnison considérable, composée d’hommes éprouvés ; en conséquence presque toutes les chances sont pour vous.

— J’ai cent soixante-dix Français résolus, qui tous ont fait la guerre.

— Derrière de bonne murailles, bien armés, c’est plus qu’il ne vous faut.

— Sans compter quarante péones habitués à la chasse aux Indiens, et que j’ai amenés avec moi, observa don Sylva.

— Ces hommes sont ici en ce moment ? demanda vivement don Luis.

— Oui, monsieur.

— Oh ! cela simplifie singulièrement la question ; si vous voulez me croire, ce sont au contraire maintenant les Indiens qui ont tout à redouter.

— Expliquez-vous.

— Il est évident que vous serez attaqués par le fleuve ; peut-être, afin de diviser vos forces, les Indiens simuleront-ils une attaque du côté de l’isthme ; mais ce point est trop formidablement défendu pour qu’ils se hasardent à essayer de l’enlever ; je le répète donc, tout l’effort de l’ennemi se portera du côté du fleuve.

— Je vous ferai observer, monsieur, dit le lieutenant, que dans ce moment le fleuve est rendu impraticable à la navigation à cause des milliers de troncs d’arbres enlevés par les ouragans dans les montagnes, et qu’il charrie dans son cours.