Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prévenu, ils croient avoir trop d’intérêt à demeurer invisibles.

— Et vous, que comptez-vous faire !

— Moi, les Indiens m’ont vu incontestablement me diriger de ce côté ; ils savent que je suis ici ; si je sortais avec vous, ce serait tout dénoncer. Je partirai seul, comme je suis venu, et cela dans un instant.

— Ce plan est tellement simple et bien conçu qu’il doit réussir. Recevez nos remercîments, monsieur, et veuillez nous dire votre nom, afin que nous connaissions l’homme auquel nous sommes redevables d’un aussi grand service.

— À quoi bon, monsieur ?

— Je joins, caballero, mes instances à celles de don Gaetano, mon ami, afin d’obtenir que vous nous révéliez le nom d’un homme dont le souvenir restera gravé dans nos cœurs.

Don Luis hésita, sans pouvoir s’expliquer la raison qui le poussait à agir ainsi ; il lui répugnait de rompre vis-à-vis du comte de Lhorailles l’incognito qui le cachait.

Les deux hommes insistèrent cependant auprès de lui avant tant de politesse que, n’ayant pas de raisons sérieuses à donner pour rester inconnu, il se laissa vaincre par leurs prières et consentit à avouer son nom.

— Caballeros, dit-il enfin, je suis le comte Louis-Édouard-Maxime de Prébois-Crancé.

— Nous sommes amis, n’est-ce pas, monsieur le comte, lui dit de Lhorailles en lui tendant la main.

— Ce que je fais en est, je crois, une preuve,