trajet avant de les conduire au rendez-vous ; en conséquence, ils s’embusquèrent dans les broussailles, à la pointe de l’isthme, afin de guetter leur sortie et de les amener immédiatement au rendez-vous.
Cependant la nouvelle apportée par le comte de Prébois Crancé avait mis tout sens dessus dessous dans la colonie de Guetzalli. Bien que depuis la fondation de l’hacienda — grande ferme, — les Indiens eussent cherché déjà à inquiéter les Français, les diverses tentatives qu’ils avaient faites n’avaient été que peu importantes, c’était la première fois qu’en réalité les Français allaient avoir sérieusement à lutter contre leurs féroces voisins.
Le comte de Lhorailles avait avec lui environ deux cents Dauph’yeers venus de Valparaiso, Guyaquil, Callao, enfin des différents ports du Pacifique, amplement fournis d’aventuriers de toute sorte.
Ces bonnes gens étaient un composé assez singulier de toutes les nationalités qui peuplent les deux hémisphères du globe ; cependant les Français y dominaient. Demi-bandits, demi-soldats, ces hommes de sac et de corde avaient, dans le chef qu’ils avaient librement choisi, la confiance la plus entière, la foi la plus grande.
La nouvelle de l’attaque préméditée par les Apaches fut reçue par la garnison avec des cris de joie et d’enthousiasme. C’était une partie de plaisir pour ces aventuriers de faire le coup de fusil, afin, comme ils le disaient naïvement dans leur pittoresque langage, de se dérouiller un peu. Ils désiraient surtout montrer aux Apaches la différence qui existe entre les colons créoles que, depuis un temps immémorial, ils ont pris l’habitude de tuer et de