Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/22

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table, sur laquelle il laissa tomber une bourse pleine d’or.

Les deux interlocuteurs levèrent subitement la tête.

— Voilà les cartes, cavallero, s’empressa de dire le banquier, heureux de cet incident qui le débarrassait provisoirement d’un dangereux adversaire.

Cucharès leva les épaules avec dédain et regarda le nouveau venu.

— Oh ! s’écria-t-il d’une voix étouffée, el Tigrero viendrait-il pour Anita ? Je le saurai.

Et il se rapprocha tout doucement de l’étranger, auprès duquel il se trouva bientôt.

Celui-ci était un cavalier de haute mine, au teint olivâtre, au regard magnétique et à la physionomie franche et décidée.

Son costume, de la plus grande richesse, ruisselait d’or et de diamants.

Il portait, légèrement incliné sur l’oreille gauche, un feutre de vison à larges ailes, dont la forme était entourée d’une golilla d’or fin ; son dolman, de drap bleu, brodé en argent, laissait voir une chemise de batiste d’une blancheur éblouissante, sous le col de laquelle passait une cravate de crêpe de Chine attachée par un anneau de diamants ; ses calzoneras, serrées aux hanches par une ceinture de soie rouge à franges d’or galonnées et garnies de deux rangs de boutons en diamants, étaient ouvertes sur le côté et laissaient flotter son calzon de dessous ; il portait des botas vaqueras en cuir gauffré, richement brodées, attachées au-dessous du genou par une jarretière de tissu d’argent ; sa manga, reluisante d’or était coquettement relevée sur son épaule droite.