Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/24

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poche et battit impassiblement le briquet, tandis que le lepero tirait les cartes.

— Señor, dit celui-ci d’une voix piteuse.

— Eh bien ?

— Vous avez perdu.

— Bon. Tio-Lucas, prenez cent onces dans ma bourse.

— Je les ai, Seigneurie, répondit le banquier ; vous plait-il de jouer encore ?

— Certes ! mais plus de misères, hein ? j’aimerais assez à intéresser la partie.

— Je tiendrai ce qu’il plaira à votre Seigneurie d’exposer, répondit le banquier, dont l’œil expert avait, au fond de la bourse de l’étranger, découvert, parmi une assez forte quantité d’onces, une quarantaine de diamants de la plus belle eau.

— Hum ! êtes-vous réellement homme à tenir ce que je voudrais ?

— Oui.

L’étranger le regarda fixement.

— Même si je jouais mille onces d’or[1].

— Je tiendrai le double, si votre seigneurie ose le jouer, dit imperturbablement le banquier.

Un sourire méprisant plissa une seconde fois les lèvres hautaines du cavalier.

— J’ose toujours, dit-il.

— Ainsi, deux mille onces ?

— C’est convenu.

— Taillerai-je ? demanda timidement Cucharès.

— Pourquoi pas ? répondit l’autre d’un ton léger.

  1. Environ 82,000 francs.