— Eh bien, derrière ces palétuviers vous rencontrerez celui auquel vous donnez le nom de Gros-Bison.
— Bon, l’Ours-Noir est un chef, il n’a qu’une parole, le visage pâle sera libre.
— Merci.
La conversation, sans but désormais entre les deux hommes, fut brusquement interrompue, d’autant plus que les Apaches approchaient rapidement du rivage.
Les Indiens avaient laissé aller à la dérive la plupart des arbres auxquels ils s’étaient maintenus accrochés jusque là, et s’étaient réunis par grappes de dix ou douze sur un petit nombre des plus gros.
L’hacienda était silencieuse ; pas une lumière ne brillait, tout était calme ; on aurait dit une habitation abandonnée.
Cette tranquillité si profonde excita les soupçons de l’Ours-Noir ; cette immobilité lui sembla présager une tempête prochaine. Il voulut, avant de se risquer à tenter un débarquement, s’assurer positivement par lui-même de ce qu’il avait à redouter ; il modula le cri de l’iguane et plongea en se dirigeant vers le rivage.
Les Apaches comprirent l’intention de leur chef, ils s’arrêtèrent.
Au bout de quelques instants, ils l’aperçurent rampant sur le sable de la grève. L’Ours-Noir fit quelques pas sur la plage ; il ne vit rien, n’entendit rien ; alors, complètement rassuré, il retourna au bord de l’eau et donna le signal du débarquement.
Les Apaches quittèrent les arbres et se mirent à la nage ; Cucharès profita du moment de désordre occasionné par cette manœuvre pour disparaître, ce