Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/257

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Les deux guerriers comanches s’inclinèrent, et croisant les bras sur la poitrine, ils attendirent.

Le comte de Prébois Crancé et Belhumeur avaient eu avec don Sylva de Torrès et Monsieur de Lhorailles une longue conversation dans laquelle ils leur avaient révélé de quelle façon ils avaient appris que les Indiens les voulaient attaquer, le nom de l’homme qui les avait si bien instruits, et la conduite singulière de cet homme qui, après les avoir en quelque sorte obligés à se mêler d’une affaire dangereuse qui ne les regardait nullement, les avait sans aucune raison valable abandonnés tout à coup, sous le prétexte futile de retourner à Guaymas, où disait-il, des causes importantes réclamaient sa présence dans le plus bref délai.

Ces nouvelles avaient vivement impressionné les deux hommes : don Sylva surtout n’avait pu réprimer un mouvement de colère en apprenant que cet individu n’était autre que don Martial ; il devina aussitôt le but du Tigrero, qui, sans doute, croyait dans la bagarre pouvoir enlever doña Anita. Cependant don Sylva ne voulut pas faire part de ses soupçons à son gendre futur, se réservant, s’il le fallait, de l’instruire au dernier moment, mais résolu de surveiller attentivement sa fille, car ce départ précipité de don Martial lui semblait cacher un piège.

Belhumeur expliqua ensuite au comte la position dans laquelle il avait placé le capataz et ses peones, et la mission dont la Tête-d’Aigle s’était chargé, mission dont probablement il viendrait bientôt rendfr compte à l’hacienda même.

Monsieur de Lhorailles remercia chaleureusement