Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/266

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ments que nous avons rapportés dans le précédent chapitre, — se serait-il enfui de toute la vitesse de son cheval, en proie à la plus folle terreur au spectacle étrange qui se serait soudain offert à ses yeux.

Sur le ciel d’un bleu profond, parsemé d’un semis éblouissant d’étoiles, le vieux palais des rois atzèques dessinait sa gigantesque silhouette, laissant ruisseler par toutes les ouvertures rondes ou carrées, pratiquées par les hommes et le temps dans ses murs délabrés, des flots d’une lumière rougeâtre, tandis que des chants, des cris et des rires s’élevaient incessamment du sein de ses chambres en ruine, et allaient troubler dans leurs repaires les bêtes fauves surprises de ces bruits, qui rompaient, d’une façon aussi insolite, le silence dû désert. Dans les ruines, aux rayons blafards de la lune, on pouvait distinguer des ombres d’hommes et de chevaux groupés autour d’énormes brasiers disséminés çà et là, tandis qu’une dizaine de cavaliers bien armés, appuyés sur de longues lances, se tenaient immobiles comme des statues équestres de bronze à l’entrée de la maison.

Si, à l’intérieur des ruines, tout était bruit et lumière, à l’extérieur tout était ombre et silence.

Cependant la nuit s’écoulait, la lune avait parcouru déjà les deux tiers de sa course, les brasiers mal entretenus s’éteignaient les uns après les autres ; la vieille maison continuait seule à flamboyer dans l’obscurité comme un phare sinistre.

En ce moment, le bruit sec et régulier du trot d’un cheval sur le sable résonna dans le lointain.

Les sentinelles placées en vedette à l’entrée de la maison relevèrent avec effort leurs têtes alourdies par le sommeil et le froid piquant des premières