Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/275

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d’une si longue lutte et d’une défense si acharnée ne tarderaient pas à se retirer, car ils semblaient mollir, les Français redoublèrent leurs efforts, déjà prodigieux, lorsque, tout à coup, les cris :

— Trahison ! trahison ! se firent entendre derrière eux.

Le comte et le capataz, qui combattaient comme des lions au premier rang des volontaires et des peones, se retournèrent

La position était critique : les Français se trouvaient littéralement pris entre deux feux.

La Petite-Panthère, à la tête d’une cinquantaine de guerriers, avait tourné la position et s’était introduit dans l’intérieur des barricades.

Ces Indiens, ivres de joie d’avoir si bien réussi, faisaient main basse sur tout ce qui se trouvait à leur portée, en poussant des hurlements de triomphe.

Le comte jeta un long regard sur le champ de bataille ; sa détermination fut prise en une seconde.

Il dit deux mots au capataz, qui se remit à la tête des combattants, les avertit de ce qu’ils avaient à faire et guetta le moment favorable d’exécuter ce dont il venait de convenir avec son chef.

Cependant, le comte n’avait pas perdu de temps de son côté ; s’emparant d’un baril de poudre, il planta au milieu un bout de chandelle allumée et le jeta à la volée au plus épais des rangs des Indiens, au milieu desquels il éclata presque immédiatement, en leur causant un mal effroyable.

Les Apaches épouvantés se ruèrent en désordre dans toutes les directions pour éviter d’être atteints par les débris de cette bombe d’une nouvelle espèce.

Profitant adroitement de l’instant de répit que leur