Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/279

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Cette opinion est non-seulement injuste, mais elle est encore entièrement fausse. Les Hispanos américains sont malheureusement, il est vrai, fort arriérés comme civilisation, industrie, arts mécaniques, etc. ; le progrès chez eux est lent, parce qu’il est incessamment entravé par les superstitions qui forment le fond de leurs croyances ; mais il ne faut pas rendre responsables ces peuples d’un état de choses dont ils ont hâte de sortir et dont les Espagnols sont seuls coupables, à cause du système d’oppression abrutissante et d’abjection infame dans lesquelles ils les tenaient : la lourde tyrannie qui, pendant plusieurs siècles, a pesé sur eux, en les rendant entièrement esclaves de maîtres hautains et implacables, leur a donné le caractère des esclaves, la fourberie et la lâcheté.

À part quelques exceptions fort honorables, la masse de la population indienne surtout, car les blancs ont, depuis quelques années, marché à pas de géant et fait des progrès sensibles dans la voie de la civilisation, la masse de la population indienne, disons-nous, est fourbe, rusée, lâche et méchante.

Aussi, il arrive toujours inévitablement ceci lorsqu’un Européen et un métis se trouvent en présence : c’est que malgré l’intelligence dont il se flatte, le blanc est dupé par l’Indien.

Il est si bien reconnu comme article de foi, dans l’Amérique espagnole, que les métis et les Indiens sont de pauvres créatures sans raison, douées tout au plus de l’intelligence nécessaire pour vivre au jour le jour, que les blancs s’intitulent orgueilleusement gente de razon — hommes raisonnables. —

Nous devons ajouter qu’après un séjour de quel-