Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/297

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voix mal assurée ; puisque vous le désirez si vivement, je serais désespéré de ne pas vous être agréable ; j’accepte les deux cents onces.

— Allons donc ! s’écria le comte ; moi aussi, je savais bien que nous finirions par nous entendre.

Il alla prendre l’argent dans la cassette ; mais, comme il tournait le dos au lepero, il ne put voir le singulier sourire qui plissa ses lèvres ; sans cela, il n’aurait pas chanté si haut victoire.



XVIII

Quelques Pas en arrière.

Le récit du lepero, vrai, quant au fond, était complétement faux et erroné par la forme. Du reste, peut-être avait-il intérêt à tromper le comte de Lhorailles : c’est ce dont le lecteur jugera lorsqu’il aura lu ce qui va suivre.

Après avoir, ainsi que nous l’avons vu, miraculeusement échappé aux Apaches, entre les mains desquels il était si malheureusement tombé, Cucharès avait filé entre deux eaux et avait regagné le large. En remontant à la surface, afin de reprendre respiration, il jeta un regard autour de lui : il était seul.

Le lepero étouffa un cri de joie, et après une minute de réflexion il nagea vigoureusement dans la direction des palétuviers où don Martial, averti par le signal qu’il avait été contraint de faire, l’attendait sans doute déjà depuis quelque temps.