Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/322

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la lueur d’un feu. Auprès se tenait un homme accroupi, la tête sur la paume des mains, fumant aussi tranquillement qu’il se fût trouvé assis dans une pulqueria de Guaymas.

Don Martial, après avoir pendant une minute attentivement examiné cet homme, retint avec effort un cri de joie, et marcha vers lui sans plus se cacher.

Il avait reconnu son affidé, Cucharès le lepero.

Au bruit des pas du Tigrero, Cucharès se retourna.

— Eh ! arrivez donc, don Martial, s’écria-t-il, voilà plus d’une heure que je me tue à vous faire tous les signaux que je puis inventer, sans que vous daigniez me répondre.

— Eh ! mon cher, répondit joyeusement le Tigrero, si j’avais pu soupçonner que ce fût vous, il y a longtemps que je serais ici ; mais j’étais si loin de vous attendre…

— Au fait, vous avez raison, et dans le pays où nous nous trouvons, il vaut mieux être trop prudent que pas assez.

— Ah ! çà, il y a donc du nouveau ? reprît le Tigrero en s’asseyant devant le feu, afin de sécher ses vêtements.

Caspita ! s’il y a du nouveau ! serais-je ici sans cela.

— C’est juste ; vous êtes un bon compagnon, je vous remercie d’être venu ; vous savez que j’ai bonne mémoire ?

— Je le sais.

— Au fait, voyons, qu’avez-vous à m’apprendre ; j’ai hâte de connaître vos nouvelles, et d’abord, avant tout, une question ?