Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/347

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qu’amènerait à sa suite cette démarche sans issue possible.

Don Martial surtout, d’après les ordres qu’il avait donnés à Cucharès et devant la résolution inébranlable de l’haciendero de rejoindre le comte de Lhorailles, comprenait clairement combien sa position se faisait à chaque instant plus difficile et dans quelle impasse il s’était engagé.

Ainsi les deux amants, liés fatalement entre eux par le secret de leur fuite, gardaient cependant l’un vis-à-vis de l’autre le secret des remords qui les dévoraient ; ils sentaient à chaque pas que le terrain sur lequel ils marchaient était miné, que d’une minute à l’autre il s’enfoncerait sous leurs pieds.

Dans une semblable situation, la vie devenait intolérable, puisqu’il n’y avait plus communion ni de pensées ni de sentiments entre ces trois personnages. Un choc était imminent entre eux ; il survint peut-être plus tôt que tous trois ne s’y attendaient, par la force même des circonstances dans lesquelles ils se trouvaient si violemment enlacés.

Après un voyage de quinze jours environ, pendant lequel il ne leur arriva aucun incident digne d’être noté, don Martial et ses compagnons, se guidant tantôt sur les renseignements qu’ils avaient recueillis à l’hacienda, tantôt sur la trace même laissée par les gens à la piste desquels ils s’étaient mis, atteignirent enfin les ruines de la ville où s’élève la Casa-Grande de Moctecuzoma, et qui marque l’extrême limite des pays habitables avant d’atteindre le grand désert del Norte.

Il était six heures du soir à peu près à l’instant où la petite troupe entrait dans les ruines ; le soleil,