Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/371

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Nyang, le génie du mal, se chargera bientôt de les engloutir dans les sables ; le maître de la vie appelle la tempête, notre tâche est remplie, suivons la piste des Yoris et regagnons à toute bride nos territoires de chasse ; l’ouragan hurlera bientôt dans le désert qu’il bouleversera. Mes fils peuvent se livrer au sommeil, un chef veillera sur eux. J’ai dit.

Les guerriers s’inclinèrent silencieusement, se levèrent les uns après les autres et allèrent s’étendre à peu de distance sur le sable.

Au bout de cinq minutes, ils dormaient profondément ; seul l’Ours-Noir veillait. La tête dans la paume des mains, les coudes sur les genoux, il regardait fixement le ciel ; parfois son visage perdait son expression sévère, et un sourire fugitif se dessinait sur ses lèvres.

Quelles pensées absorbaient ainsi le sachem ? que méditait-il ?

Don Martial l’avait deviné ; aussi se sentait-il frissonner de terreur.

Il demeura encore près d’une demi-heure immobile dans sa cachette, afin de ne pas courir le risque d’être découvert ; puis il redescendit comme il était venu, usant encore de précautions plus grandes ; car à ce moment, où un silence de plomb planait sur la nature, le bruit le plus léger aurait révélé sa présence à l’oreille subtile du chef indien.

Plus que jamais, après les révélations qu’il était parvenu à surprendre, il redoutait d’être découvert.

Enfin il parvint à regagner sain et sauf l’endroit où il avait laissé son cheval.

Pendant quelque temps le Tigrero, abandonnant la bride sur le cou du noble animal, marcha au petit