Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/397

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expliquer, chef ; est-ce que l’heure n’est pas bientôt venue de parler franchement et de terminer nos affaires ? Depuis notre départ des habitations, nous nous sommes beaucoup occupés des autres et fort peu de nous ; il me semble ; ne serait-il donc pas temps de songer à nos affaires ?

— La Tête-d’Aigle n’oublie pas, il s’occupe de satisfaire ses frères pâles.

Belhumeur se mit à rire.

— Permettez, chef ; quant à moi, mes affaires sont bien simples : vous m’avez promis de m’accompagner, et me voilà. Je veux être l’ami d’un chien apache si j’en sais davantage. Louis, c’est différent, il est à la recherche d’un ami bien cher ; souvenez-vous que nous lui avons promis de l’aider à le retrouver.

— La Tête-d’Aigle, reprit le chef, a partagé son cœur entre ses deux frères pâles, ils en ont chacun la moitié. La route que nous devons faire est longue, elle doit durer plusieurs lunes ; nous traverserons le grand désert. Le Moqueur et ses guerriers sont allés tuer des bisons pour le voyage. Je conduis mes frères dans un endroit que j’ai découvert il y a quelques lunes déjà et qui n’est connu que de moi. Le Wacondah, lorsqu’il a créé l’homme, lui a donné la force, le courage et d’immenses territoires de chasse en lui disant : Sois libre et heureux. Il a donné aux visages pâles la sagesse et la science en leur apprenant à connaître la valeur des pierres brillantes et des cailloux jaunes ; les Peaux-Rouges et les visages pâles suivent chacun la route que le Grand-Esprit leur a tracée ; je conduis mes frères à un placer.