Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/90

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son arrivée en Amérique, trouvé à la tête d’hommes résolus et sans scrupules, avec l’aide desquels, pour une intelligence comme la sienne, il était facile d’accomplir de grandes choses.

Deux mois après la réunion à laquelle nous avons fait assister le lecteur, le comte et ses cent cinquante Dauph’yeers étaient réunis à la colonie de Guetzalli, cette magnifique concession que, grâce à des influences occultes, M. de Lhorailles s’était fait donner.

Sans que l’on pût deviner à quoi attribuer ce qui lui arrivait, le comte semblait jouer de bonheur, tout lui réussissait ; les projets en apparence les plus fous étaient par lui menés à bonne fin ; sa colonie prospérait et prenait des proportions qui ravissait d’aise le gouvernement mexicain.

M. de Lhorailles, avec ce tact et cette connaissance du monde qu’il possédait à fond, avait su faire taire les jaloux et les envieux ; il s’était créé un cercle d’amis dévoués et de connaissances utiles, qui, dans maintes circonstances, avaient plaidé en sa faveur et l’avaient appuyé de leur crédit.

On jugera du chemin qu’il était parvenu à faire en si peu de temps, trois ans à peine, quand nous dirons qu’au moment où nous le mettons en scène, il avait enfin presque atteint le but de ses constants efforts ; il allait réellement se poser dans l’opinion et conquérir un rang honorable dans la société en épousant la fille de don Sylva de Torrès, un des plus riches hacienderos de la Sonora, et grâce à l’influence de son futur beau-père, il venait de recevoir le brevet de capitaine d’une compagnie franche, destinée à repousser les incursions des Apaches et des Comanches sur le territoire mexicain, et le droit de