Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/222

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— Je ne puis vous promettre cela, répondit lentement Valentin.

— Pour quelle raison ?

— Cette raison, vous-même venez de la dire ; il n’y a pas un homme dans toute la prairie qui n’ait un compte terrible à demander à ce misérable.

— Eh bien !

— L’homme qu’il a le plus outragé, c’est, à mon avis, don Miguel de Zarate, dont il a lâchement assassiné la fille ; don Miguel seul a le droit de disposer de lui à sa guise.

Le Blood’ Son fit un geste de désappointement.

— Oh ! s’il était ici ! s’écria-t-il.

— Me voilà, monsieur, répondit l’hacendero en s’avançant ; moi aussi j’ai une vengeance à tirer du Cèdre-Rouge ; mais je la veux grande et noble, à la clarté du soleil, devant tous ; je ne veux pas l’assassiner, je veux le punir.

— Bien ! s’écria le Blood’s Son en étouffant un cri de joie ; notre pensée est la même, caballero : car ce que je veux, c’est appliquer au Cèdre-Rouge la loi de Lynch ; mais la loi de Lynch dans toute sa rigueur, dans le lieu même où il a commis son premier crime, en face de la population qu’il a épouvantée, voilà ce que je veux faire, caballero. Dans le Far West, on ne me nomme pas seulement le Fils du sang, on me nomme encore le Vengeur et le Justicier.

Il y eut, après ces paroles prononcées avec une énergie fébrile, un silence funèbre qui dura assez longtemps.

— Laissez à Dieu le soin de la vengeance, dit une voix qui fit tressaillir les assistants.