Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/426

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— Tenez, seigneurie, dit-il avec ce ton doucereux qui ne l’abandonnait jamais, prenez cette cassette ; dès que je serai parti, faites-en sauter la serrure, et je suis certain que vous trouverez dedans certains papiers qui vous intéresseront.

— Que signifient ces paroles ? s’écria le Blood’s Son avec agitation.

— Vous verrez, vous verrez, répondit le gambucino toujours impassible ; de cette façon si vous m’oubliez, vous ne vous oublierez pas, vous, et je profiterai de votre vengeance.

— Connaissez-vous donc ces papiers ? demanda le Bloods’ Son.

— Supposez-vous, seigneurie, que j’aie gardé pendant six mois environ cette cassette entre les mains sans m’assurer de son contenu ? Non, non, j’aime à connaître mon bien. Vous verrez que cela vous intéressera, seigneurie.

— Mais alors, s’il en est ainsi, pourquoi ne m’avez-vous pas remis plus tôt ces papiers ?

— Parce que l’heure n’était pas venue de le faire, seigneurie ; j’attendais l’occasion qui se présente aujourd’hui. L’homme qui veut se venger doit être patient ; vous savez le proverbe, seigneurie : la vengeance est un fruit qui ne se mange que mûr.

Pendant que le gambucino débitait ce flux de paroles, le Blood’s Son restait les yeux fixés sur la cassette, le regard ardent et les mains convulsivement serrées.

— Vous allez partir ? lui demanda le Blood’s Son, lorsqu’il se tut.

— À l’instant, seigneurie ; seulement, si vous me le permettez, nous changerons quelque chose aux instructions que vous m’avez données.