Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/444

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grave ! Tous ces amoureux sont fous ! Vous nous avez fait manquer notre expédition.

— Croyez-vous ?

— Canelo ! j’en suis sûr ; le Cèdre-Rouge est un vieux coquin, malin comme un opossum ; maintenant il a l’éveil, bien fin qui l’attrapera.

Don Pablo le regardait avec un visage consterné.

— Que faire ? disait-il.

— Décamper ; c’est le plus sur. Vous comprenez bien que l’autre est à présent sur ses gardes.

Il y eut un assez long silence entre les deux interlocuteurs.

— Ma foi ! dit tout à coup le gambucino, je n’en aurai pas le démenti, je veux jouer un tour de ma façon au vieux diable.

— Quel est votre projet ?

— Cela me regarde ; si vous aviez eu plus de confiance en moi, tout cela ne serait pas arrivé, nous aurions arrangé les choses à la satisfaction générale. Enfin, ce qui est fait est fait, je vais essayer de réparer votre maladresse. Quant à vous, allez-vous-en.

— Que je m’en aille ! Où cela ?

— Au bas de la montagne ; seulement, ne remontez pas sans que nos compagnons soient avec vous ; vous leur servirez de guide pour se rendre ici.

— Mais vous ?

— Moi ? Ne vous inquiétez pas de moi. Adieu.

— Enfin, dit le jeune homme, je vous laisse libre de faire comme vous l’entendrez.

— Vous auriez dû plus tôt prendre cette résolution. Ah ! à propos, laissez-moi votre chapeau, voulez-vous ?

— De grand cœur ; mais vous en avez un.